De la difficulté d’être un homme hypersensible

L’hypersensibilité est une façon d’être difficile à vivre et il me semble encore plus pour un homme. En effet, notre société met en avant l’idéal d’un homme fort physiquement, actif, entreprenant et surtout qui gère ses émotions. C’est-à-dire qui ne se laisse pas facilement émouvoir par son environnement ou les réactions des autres. On n’attend pas de lui qu’il soit doux, attentionné, empathique et à l’écoute des autres. Mis face à un modèle qui ne leur correspond pas, les petits garçons et les hommes hypersensibles se retrouvent contraints d’agir contre leur nature pour être acceptés. Ils finissent par croire que leur différence fait d’eux des gens anormaux. Et ce constat les rend malheureux et mal dans leur peau. Ils ignorent souvent qu’être hypersensible n’est pas une tare, mais une façon d’être et d’appréhender le monde aussi digne d’intérêt que le modèle « viril » imposé par la société.

L’hypersensibilité, cette intense différence qui te distingue

Ressentir intensément

Être un homme hypersensible, c’est être assailli de stimulus. C’est être plus réceptif à ce qui se passe autour de soi. Cela peut évidemment varier selon les personnes. Certains sont plus sensibles au bruit, d’autres aux odeurs et/ou au toucher. Leur vie intérieure est aussi plus intense. Ils vivent leurs émotions avec plus de force et réagissent plus aux réactions des autres. C’est-à-dire à leur langage corporel, leur humeur ou le ton de leur voix. Les hommes hypersensibles sont plus affectés par les compliments comme les critiques et l’attitude de leurs proches. Ils cogitent beaucoup et leur esprit est parfois encombré de toutes leurs pensées incessantes. Ce qui peut être épuisant.

Être blessé plus facilement

Empathiques, ils sentent plus facilement ce que vivent les autres et savent se mettre à leur écoute, pour mieux les comprendre. Mais cela signifie aussi qu’ils sont plus réceptifs. Et notre société, même si elle a fait des progrès, a encore du mal à accepter les larmes des petits garçons comme des hommes. Les garçons entre eux aiment bien se chambrer, ce qui est plus difficile à gérer pour un hypersensible, qui peut être heurté par les propos railleurs de ses camarades. Ils n’apprécient pas non plus les lieux bruyants et bondés de monde comme les bars, les discothèques ou les stades de foot, par exemple. Ils s’y sentent mal à l’aise et culpabilisent de ne pas autant s’y amuser que les autres. Ce qui peut leur faire penser qu’ils sont anormaux. Leur préférence va d’ailleurs plutôt aux sports individuels, plutôt que collectifs. Ils ont besoin de temps seul pour recharger leur batterie et se sentir bien.

Se blinder pour ne plus souffrir

Pour s’adapter à leur environnement, les hommes hypersensibles peuvent parfois en arriver à faire taire leurs émotions comme la tristesse, la peur ou l’anxiété. Ce réflexe de protection semble une bonne solution au premier abord. Mais, elle s’avère vite être un problème. Car petit à petit, ce sont toutes les émotions qui vont être étouffées, dont la joie et l’enthousiasme par exemple. En exprimant de moins en moins ses émotions, l’hypersensible ne va plus savoir comment faire pour s’ouvrir à nouveau. Les autres vont alors penser à tort qu’il est distant et froid, comme si sa vraie nature était dissimulée derrière un rempart ou une carapace.

L’hypersensibilité, une autre façon d’être pas un défaut !

L’hypersensibilité n’est pas un défaut, ni une maladie, ni une façon d’être anormal. Nous naissons avec une sensibilité élevée ou pas. C’est la première chose à intégrer. Environ 20 % à 30 % de la population serait dans ce cas selon le psychologue Saverio Tomasella, qui étudie depuis une dizaine d’années l’hypersensibilité. C’est le modèle de masculinité virile que tente d’imposer la société, qui la rend plus difficile à vivre pour les hommes. Alors que cet idéal n’est qu’une chimère, sans rapport avec la réalité, c’est-à-dire la diversité humaine.

Des qualités sous-estimées

On dit souvent que nous possédons les qualités de nos défauts et l’exercice s’avère particulièrement vrai avec les hommes hypersensibles. Ce que certains pensent être chez eux des défauts s’avèrent pourtant des qualités admirables et utiles.

• Le sens de l’observation et du détail en font des travailleurs consciencieux, persévérants et soucieux de la qualité de leur travail.
  
• Le sens de l’écoute leur permet d’être de bons commerciaux réellement concernés par les besoins de leurs clients ou des travailleurs sociaux, des professionnels de la santé vraiment à l’écoute de leur public.
  
• Leur empathie et leur bienveillance leur permettent de se mettre à la place de l’autre, de le comprendre et d’avoir une réelle considération pour lui. C’est une une qualité humaine, qui permet de créer des liens de qualité avec les autres.
  
• La richesse de leur perception leur permet de réaliser des œuvres artistiques et des créations riches et intenses. Souvent, les métiers créatifs leur conviennent bien.
  
• Leur besoin de solitude en fait des employés capables de s’organiser de façon autonome. Ils sont tout aussi aptes à travailler en équipe, tant que leur besoin de moments de solitude est respecté pour se recentrer et travailler efficacement (éviter les open spaces bruyants).

Petits conseils aux hypersensibles

Si j’ai un conseil à donner aux hommes hypersensibles, valable aussi pour les femmes, c’est d’apprendre à se connaître et à s’aimer. Une autre chose importante est de garder du temps pour soi. Être doté d’une grande sensibilité nous fatigue plus vite. Nous avons donc besoin de temps pour nous reposer, mais aussi de temps dans des environnements calmes avec moins de stimulus pour nous détendre et pratiquer des activités ressourçantes. Il est important également de ne plus culpabiliser de ne pas être comme les autres. Car l’humanité n’est pas homogène et notre société a tendance à trop valoriser les comportements extravertis et peu sensibles. C’est plutôt à nous de lui rappeler que la diversité fait partie de la vie et que le nier est une absurdité.

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