#3 – Confiance en soi au féminin : la danseuse Lizzy Howell
Talent, courage et lucidité
Tu as peut-être déjà entendu parler de Lizzy sur les réseaux sociaux ou lors de sa prestation à l’Eurovision 2019. Si ce n’est pas le cas, je t’invite à découvrir son parcours, son talent pour la danse et son incroyable persévérance. En effet, la vie n’a pas été facile pour elle. Lizzy est née en 2001 aux États-Unis. Elle est originaire de Milford, dans l’État du Delaware. A l’âge de 5 ans, elle perd sa mère, qui meurt dans un accident de voiture. C’est sa grand-tante Linda et son époux, qui prennent en charge la petite fille.

Portée par la danse
Linda a aussitôt inscrit Lizzy dans plusieurs activités parascolaires allant du football en passant par le du hockey sur gazon jusqu’à la danse. Lizzy se souvient s’être sentie immédiatement en phase avec la danse comme moyen d’expression. Un peu plus tard, les médecins lui diagnostiquent une grave maladie, appelée le syndrome pseudotumor cerebri ou hypertension intracrânienne. Cette maladie provoque des migraines, des problèmes de vue et des vertiges. Lizzy est déscolarisée et ne peut socialiser avec des jeunes de son âge, que lors de ses cours de danse. Cet art l’aide, en plus d’une thérapie et d’un traitement médicamenteux, à surmonter ses crises d’anxiété et de panique. Elle souffre également d’obésité.
Ton corps ne te définit pas
C’est à cause de ce corps, qui ne correspond pas au stéréotype féminin mis en avant par la société, que Lizzy a dû faire face au harcèlement et aux moqueries. Même dans le cadre de sa pratique, on lui reproche de ne pas répondre aux standards physiques de la danse classique. Ainsi à l’âge de neuf ans, on lui conseille de perdre du poids si elle souhaite décrocher les rôles principaux dans une représentation. Malgré des heures d’entraînement, un talent évident et une volonté de fer, la danseuse n’obtient pas les rôles qu’elle convoite. Elle change plusieurs fois d’écoles et suit aussi des cours de claquettes, de modern jazz et de danse contemporaine. Son planning compte 4 heures d’entraînement journalier. En 2017 à l’âge de 16 ans, elle poste publiquement une vidéo d’elle, qui deviendra virale où elle exécute avec talent un pas de danse classique, un tour fouetté. C’est le début du succès et de la reconnaissance pour elle. Cinq ans plus tard, plus de 200 000 abonnés la suivent sur Instagram et 300 000 sur TikTok, elle a participé à l’Eurovision 2019 comme danseuse de Bilal Hassani aux côtés de Lin Ching Lan, une danseuse sourde originaire de Taïwan. Elle a aussi tenu le rôle principale dans plusieurs représentations du ballet Casse-Noisette. Elle est aussi l’ambassadrice de la campagne “Dancing For You”, dont le but est de sensibiliser le grand public aux enfants handicapés.

Lucide vis à vis de son succès et de la grossophobie
Dans une interview donnée pour le magazine Teen Vogue en juillet 2021, elle se confie sur son parcours avec lucidité. Lizzy est souvent qualifiée de « danseuse grande taille », pourtant cette étiquette ne lui convient pas. Elle déclare à ce sujet : « Je ne veux pas être étiquetée. Je ne suis qu’un être humain et j’ai l’air différent de vous, ce qui est bien parce que nous avons tous l’air différents les uns des autres. […] Je veux juste être danseuse. Nous n’appelons pas les danseurs, des danseurs maigres. […] Une danseuse de grande taille peut faire tout ce qu’une personne maigre peut faire, elle a juste plus de poids sur elle. » Lizzy admet que le succès est aussi une bataille difficile. Son succès est à double tranchant. Si elle est un modèle parce qu’elle réussit à danser malgré ses problèmes de santé et à un niveau professionnel, elle sait aussi que sa différence et son combat sont des vecteurs de buzz, qui peuvent être récupérés par les marques de vêtements. Elle reconnaît que même si certaines font des progrès, d’autres ne sont pas réellement inclusives. Elles utilisent le mouvement Body Positive pour se faire de la publicité, comme une tendance ou une mode passagère, vite oubliée d’ici quelques mois.
La toxicité des médias sociaux
Sur les réseaux sociaux, il est encore fréquent de voir des commentaires de gens qui s’interrogent sur son poids, pourquoi elle n’en perd pas, les dangers pour sa santé, qu’elle mange peut-être trop, etc. En agissant ainsi, ces personnes continuent de voir en elle autre chose qu’un être humain et une danseuse. Lizzy se bat justement pour qu’on cesse de se focaliser sur le poids et qu’on reconnaisse les talents des personnes ayant des problèmes de santé, autrement qu’au travers du prisme de leur handicap. Sa santé et son poids sont les affaires de Lizzy, du ou des médecins qui la suivent, pas celles des internautes ! Pourtant, des milliers de gens continuent de la juger en s’arrêtant sur son physique, en ayant ni les compétences médicales, ni son dossier, ses examens, ses prises de sang, la liste des médicaments qu’elle prend et leurs effets secondaires sous les yeux. Ainsi ils continuent de se focaliser sur son poids, au lieu de son talent ou son message. Ils n’ont pas de solution à ses problèmes de santé, mais alimentent par leurs jugements le problème de l’image négative des personnes en surpoids dans nos sociétés.
Un être humain avant tout
A la fin de son interview pour Teen Vogue, Lizzy ajoute à propos de sa popularité sur les médias sociaux et ses conséquences : « Je suis un humain et j’ai des émotions, et ça va.. […] Tout ce que vous voyez sur les réseaux sociaux n’est pas réel. Ma vie n’est pas toujours ensoleillée et arc-en-ciel. Et je suis prêt à partager cela avec les gens parce que je sais que c’est exprimable et que les gens peuvent comprendre que tout le monde ne s’amuse pas toujours bien. » Elle souhaite demeurer aussi authentique que possible et surtout inspirer positivement les plus jeunes, faire changer les mentalités concernant les gens « grande taille » ou ayant un handicap.
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